Cette église du 20e arrondissement de Paris située à Ménilmontant en hauteur de l’ancien village de Charonne fait partie des 115 lieux de culte de la capitale répertoriés par l’association « Art culture et foi » pour son Guide des visites d’églises 2022. Peu connue car hors des circuits touristiques, elle mérite pourtant largement le détour.
Par son appartenance d’abord à ce patrimoine religieux Art déco bâti au lendemain de la Première Guerre mondiale, dont la richesse architecturale et décorative associant statuaire, peintures murales, mosaïques et vitraux en fait un des joyaux de la capitale bâti en 1933. Conçue par l’architecte Dumitru Rotter, l’église Don Bosco, qui n’a pratiquement pas été retouchée, offre au visiteur des œuvres originales de Mauméjean, d’Antoine Bessac, de Georges Serraz, d’Yvonne Parvillée ou de Raymond Subes, sans oublier l’orgue Darguassies à deux claviers et 32 jeux (1991). Du décor chatoyant ornant la nef et le transept en passant par les marbres onyx des murs, les colonnes et les piliers, la statue de Jean Bosco de l’autel sur fond de mosaïque de Mauméjean ainsi que le chemin de croix du même artiste autour de la cuve et sa crédence en marbre onyx, le baptistère et son décor, tout participe ici dans une grande cohérence esthétique à la rareté du lieu, même si la capitale abrite plusieurs autres églises de style Art déco comme Saint-Michel des Batignolles, Sainte-Odile (17e arr.), Saint-Christophe de Javel ou Saint-Léon (15e arr.). L’édifice est également intéressant pour son histoire intimement liée à celle du quartier de la Réunion, peuplé à l’époque de sa construction de nombreux immigrés italiens. Le père Vincent Siméoni, son bâtisseur, en fera une église paroissiale et un sanctuaire national dédié à saint Jean Bosco éducateur de la jeunesse populaire, fondateur des salésiens, canonisé en 1934.
Une paroisse qui perpétue l’œuvre et l’esprit de Don Bosco
Un homme hors du commun, Don Bosco, né dans le hameau de Castelnuovo d’Asti, près de Turin, dans une famille de fermiers pauvres. Orphelin de père à deux ans, il est élevé par une mère pieuse, qui l’incitant à apprendre l’italien et le latin, lui ouvre en 1834 les portes du séminaire de Chieri près de Turin, où il est ordonné prêtre en 1841. Une ville dont l’essor industriel favorise l’émergence de faubourgs ouvriers ravagés par la misère qui l’amène à se consacrer à l’éducation des jeunes défavorisés notamment dans les prisons. Dans le quartier de Valdocco, il rassemble des centaines de jeunes, apprentis et chômeurs et fonde son premier oratoire, à la fois centre de loisirs et d’évangélisation, école, paroisse, maison d’accueil et de vie. Avec 17 d’entre eux il donne naissance en 1859 à la Société des salésiens selon les principes de Saint-François de Sales, sous la protection duquel il placera toute son œuvre. En 1872, avec l’aide de Marie-Dominique Mazzarello, créatrice d’ un patronage des environs de Gênes, il fonde la congrégation des Sœurs salésiennes. Entre temps, entre 1846 et 1868, il a construit l’église Saint-François de Sales et la basilique Marie-Auxiliatrice, qui abrite aujourd’hui sa châsse et celle de Sainte-Marie-Dominique Mazzarello. Parallèlement il multiplie les centres d’éducation en Italie puis dans le monde. Prêtre humaniste très engagé dans l’action sociale, Don Bosco a toute sa vie consacré son énergie à l’éducation et à la promotion humaine et spirituelle de jeunes en situation de pauvreté et de risque. A Paris, une équipe de salésiens fidèle à l’esprit du fondateur anime aujourd’hui la paroisse de Ménilmontant. Très ouverte sur la vie de ce quartier populaire de Paris, la paroisse Saint-Jean-Bosco y est aussi très impliquée dans l’éducation des jeunes au travers de différentes associations et œuvres dont la plus récente et aussi la plus originale est peut être l’école de cinéma et d’audiovisuel Don Bosco International Media Academy (DBIMA), dont le but est de permettre à des jeunes de tous milieux d’accéder à des études souvent réservées à une élite. Ainsi est né il y a un an cet établissement d’enseignement supérieur hors contrat, immatriculé et déclaré auprès du rectorat et de l’académie de Paris. Les deux diplômes Bachelors of Arts in Cinema and Audiovisual destinés à un public international (enseignement en anglais) sont en cours de certification européenne et devraient être reconnus comme European Bachelor et European Master en juin 2022. Ce département international s’est enrichi depuis septembre dernier d’un BTS Métiers de l’audiovisuel, option montage et post-production, en apprentissage et gratuit. L’équipe pédagogique en place assure un encadrement dans l’esprit de Don Bosco.