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En Haute Vallée de l’Orb des initiatives innovantes pour le développement durable

Comment développer, sauvegarder et dynamiser les territoires ruraux tout en préservant l’environnement naturel et patrimonial ? Un défi écologique et sociétal affronté solidairement dans cette partie des Hauts Cantons de l’Hérault, où le sanctuaire marial de Notre-Dame-de-Nize, aux portes du Parc naturel du Haut-Languedoc est en train de devenir un lieu culturel couru. L’origine de ce site remonterait au début du Christianisme, on en parle pour la première fois en 1136 dans une bulle papale qui confère à l’Abbaye de Joncels la propriété de Sancta Maria de Aniza. Au 13ème siècle la chapelle est érigée en prieuré qui servira de paroisse jusqu’à la Révolution.

Le sanctuaire de Notre-Dame-de-Nize lieu de pèlerinage devenu pôle culturel

Notre-Dame-de-Nize

Le site se compose d’un ensemble de bâtis datant de l’époque romane et pré-romane constitué d’une chapelle et de son clocher, d’un ermitage, d’une aire de pèlerinage et d’une singulière «Fontaine des yeux» connue pour son eau de source réputée depuis des siècles pour soigner et soulager, dit-on, les affections des yeux. Si l’on en juge par les nombreux témoignages de visiteurs et pèlerins en route pour Compostelle, il ne laisse pas indifférent. Un lieu chargé d’histoire et de spiritualité quasi abandonné, découvert par Frère Marie-Pâques, moine cistercien de retour dans sa région natale après une trentaine d’années passées à l’abbaye de Lérins sur l’île de Saint-Honorat au large de Cannes. Un coup de foudre, suivi du projet de redonner rapidement vie au lieu, en l’inscrivant dans un futur pôle touristique de développement des lieux d’intérêt des Hauts-Cantons de l’Hérault : religieux, culturel, durable, tout en assurant la préservation du patrimoine rural. En partenariat avec l’Association Diocésaine de Montpellier et l’appui de locaux, une première tranche de travaux de restauration portant sur l’ermitage et ses annexes a pu être engagée. Achevée en 2021, cette dernière a permis cet été au site de Nize de retrouver sa fonction initiale d’accueil des touristes et pèlerins, notamment avec l’ouverture d’un accueil/boutique bien utile pour recevoir en juillet-août les 900 visiteurs du 3e Festi’Nize 2023 qui a réuni de nombreux artistes. Autres nouveautés, une journée terroir, nature et patrimoine, un circuit pédestre du village de Lunas jusqu’au site de Nize, inscrit depuis 2001 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, des ateliers divers, les Journées européennes du patrimoine les 16 et 17 septembre, et même un concert donné au profit de la restauration de Notre-Dame-de-Nize, dont la dernière tranche de travaux de rénovation du clocher et de la chapelle vient d’être lancée.

Village de Lunas

La mairie de Lunas, station verte de l’Hérault pour qui la qualité de vie est un des enjeux majeurs, en est la maître d’ouvrage, Patrick Salès l’architecte et l’aménagement intérieur a été confié à l’artiste Fleur Nabert. Les Compagnons du sens, association présidée et créée par Frère Marie-Pâques, a été chargée d’accompagner les travaux et de lever des fonds privés destinés à assurer la partie d’autofinancement. Patrimoine religieux devenu en peu de temps pôle culturel attractif, le site de Nize se veut aussi une vitrine du terroir local. D’où la création avec trois domaines, le Domaine de Jouvet, le Domaine de Bon Augure et  les Coteaux de Capimont – Cave coopérative d’Hérépian, de trois cuvées distinctes et exclusives, IGP Haute Vallée de l’Orb,   surnommées «Paix», «Joie», «Espérance», parrainées par Christophe Menozzi, Maître sommelier de France. Chaque bouteille (vin rouge, blanc ou rosé) vendue concourant à la réhabilitation de la chapelle. Une initiative qui s’inscrit dans l’esprit de partage et de sauvegarde du terroir de cette Haute Vallée de l’Orb viticole.

Des vignobles de montagne en coteaux au climat méditerranéen

Cette IGP particulière plantée en altitude prônant une agriculture biologique et raisonnée au cœur d’un écrin de verdure niché dans le Haut-Languedoc abrite des vignobles anciens confrontés aujourd’hui à l’accélération du changement climatique et à l’évolution des goûts des consommateurs de plus en plus attirés par des vins de qualité à grande expression aromatique. Deux données qui ont conduit les producteurs à engager depuis une vingtaine d’années une démarche de ré-encépagement de leur vignoble en syrah, chardonnay et merlot leur permettant d’élaborer de nouveaux types de vins. «Conscients de l’atout que représente une certification environnementale, la cave et ses vignerons œuvrent avec des pratiques respectueuses de l’environnement», explique Brice Lalanne, son directeur.

Domaine de Bon Augure, à 600 mètres d’altitude, Haute Vallée de l’Orb

Pays de vin, le Grand Orb est aussi un pays d’eau comme en témoignent les deux stations thermales situées sur son territoire. A Lamalou-les-Bains, le Pôle interrégional de rééducation des grands brûlés des cliniques du Dr Ster a su s’imposer en tant que centre européen d’excellence médicale, tout en assumant localement le rôle de premier employeur du grand Orb (380 personnes). En choisissant de développer ici des spécialités pointues recherchées, ce groupe axé sur la santé globale, éthique et durable contribue au rayonnement du territoire à l’international. A quelques encablures, une autre station thermale, Avène, propose des soins dermocosmétiques prisés. Elle a bénéficié d’un impluvium particulièrement riche en oligoéléments dû à sa situation géographique à la croisée des climats méditerranéen, montagnard et continental de la Haute Vallée de l’Orb. Des atouts que le groupe du même nom a su optimiser pour de se faire connaître mondialement sous la marque Avène avec des retombées réelles sur l’emploi de cette région longtemps défavorisée.

 

Au spectaculaire barrage d’Avène… un niveau d’eau en baisse

Barrage des Monts d’Orb

De l’eau encore avec le Lac d’Avène ou barrage des Monts d’Orb, qui surplombe le village d’Avène, qu’il alimente en eau. Cette spectaculaire retenue d’eau artificielle construite par BRL Exploitation dans les années 60, propriété de la région Occitanie, est le seul obstacle à la régulation de l’imprévisible fleuve Orb, particulièrement en période de crues lors de violents épisodes orageux, comme en témoignent les importantes et soudaines inondations de Lunas ou de Saint-Martin-de-Londres. En outre, il irrigue les plaines biterroises et alimente en eau potable le littoral de l’Hérault entre Vendres et Leucate. Un site essentiel touché par les effets rapides du changement climatique, dans une région aux multiples sources, où l’eau commence à se faire désirer. «Pour la première fois depuis sa mise en service, le niveau d’eau du barrage hydro-électrique est tombé à 18 millions de mètres cubes contre 25-26 millions de mètres cubes d’eau habituellement pour la même période. En cause les sécheresses hivernales et automnales» explique Evelyne Kurutcharry, directrice du développement et de la clientèle-distribution du barrage des Monts d’Orb. Une situation qui commence à inquiéter aussi les actifs de cette Haute Vallée de l’Orb, concernés par la baisse du niveau des nappes phréatiques, comme les agriculteurs Marie-Claude et Jacky Théron, propriétaires d’une ferme-auberge située à Serviès (agriculture, élevages traditionnels, volailles, brebis et jardin potager), longée par un ruisseau situé sur l’impluvium d’Avène. Un domaine en développement aujourd’hui pris en main par leurs enfants.

Le Massif de Caroux-Espinouse laboratoire à ciel ouvert de la biodiversité

Groupe de mouflons marqués. Crédit photo : Christian Itty

C’est l’une des plus anciennes zones naturelles protégées du département de l’Hérault et depuis 50 ans l’un des plus anciens sites d’étude sur le mouflon de Corse, qui est ici protégé et étudié dans son environnement. Les mouflons seraient aujourd’hui un millier sur 20 000 ha du massif, suivis de près par deux cogestionnaires l’Office national des Forêts (ONF) et l’Office français de la biodiversité (OFD), qui assurent la gestion de cette population et étudient à partir d’applications pratiques et concrètes l’aménagement du milieu, qui profite à l’ensemble de la faune dans les milieux ouverts. 140 espèces d’oiseaux, 41 espèces de mammifères,14 espèces de reptiles, 6 espèces de batraciens et 516 espèces végétales ont été observées dans le Massif de Caroux-Espinouse. Le mouflon, qui souffre lui aussi de la sécheresse, bénéficie sur cette réserve d’une surveillance à distance de ses déplacements grâce au collier GPS doté d’un accéléromètre, qui lui a été adapté.

Avec la création du GIEC (Groupement d’intérêt environnemental et cynégétique du Caroux) deux chantiers témoins ont été choisis pour mettre en pratique l’aménagement d’un milieu ouvert, à Castanet-le-Haut, particulièrement bien fourni en flore et la restauration de la forêt méditerranéenne sur Rosis, dans les gorges d’Héric (gestion du couvert forestier en faveur de la strate herbacée).

Le Domaine de Peyroutarié concentre tous les milieux et espèces du massif du Caroux

Pascal Arnaud, technicien de l’environnement OFB, chargé de la surveillance du massif de Caroux-Espinouse

Le Domaine de Peyroutarié, propriété de l’Office français de la biodiversité accolé à la réserve, est un exemple particulièrement intéressant qui concentre sur 114 hectares tous les milieux naturels et espèces du massif du Caroux : landes et pelouses d’altitude, cours d’eau et tourbes diverses, zones rocheuses et falaises, vallons anciens boisés, où se côtoient de nombreuses espèces, comme la Rosalie des Alpes ou l’Aigle royal. Au cœur de ce site inhabité, où l’on n’accède que par des chemins forestiers, trône une immense maison aux volets rouges, entourée de petits chevaux de race Tarpan, des Koniks Polskis, ancêtres des chevaux sauvages européens, qui pâturent librement ce milieu ouvert. C’est une belle bâtisse, qui pourrait bien regrouper à terme les travaux de suivis scientifiques et de biodiversité réalisés sur place. Tout proche, un beau patrimoine bâti religieux, la chapelle romane Saint-Martin-du-Froid située à l’extrémité du plateau de l’Espinouse dans un univers de tourbières, a été restaurée en 2004 et 2007 par la commune de Cambon-et-Salvergues. Elle est, chaque 25 juillet, un lieu de pèlerinage lors de la fête de Saint Jacques le Majeur.

La forêt, qui couvre 80% du territoire du Grand Orb, fait l’objet d’une surveillance accrue pour prévenir les malveillances et comportements inappropriés récurrents, dépôts sauvages, usage du feu, pratiques motorisées illégales. Un travail confié par la Communauté de communes Grand Orb à l’Office national des forêts, dont la mission est d’intervenir sur l’ensemble des espaces forestiers du territoire intercommunal.

https://www.notredamedenize.fr/
https://www.ofb.gouv.fr/

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