Château de Villandry © David Darrault
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La Demeure historique fête son centenaire en se projetant dans l’avenir

Un anniversaire que la plus ancienne association française de propriétaires-gestionnaires de monuments et jardins historiques privés a célébré avec éclat cette année en mobilisant ses 3 300 membres engagés dans des actions de valorisation de leur patrimoine métropolitain et outre-marin.

Château de la Bourbansais. ©JoëlDesert

L’association créée en 1924 par Joachim Carvallo, alors propriétaire du château et des jardins de Villandry (Indre-et-Loire), avec l’aide de son ami Boniface de Castellane, a réuni en juin dernier dans ce lieu même, 760 propriétaires de châteaux et monuments, manoirs, abbayes ou prieurés, ateliers ou forges, hôtels particuliers, jardins et demeures remarquables. L’occasion pour Olivier de Lorgeril, président de la Demeure historique de rappeler que cette dernière a été «la première association à proposer à ses membres un accompagnement juridique et technique afin qu’ils puissent conserver, transmettre et animer un patrimoine unique susceptible de contribuer à l’attractivité touristique de la France, à la dynamique des territoires, à la préservation et à la transmission de savoir-faire liés aux métiers du patrimoine». Une démarche, où passion et innovation ont joué au cours des ans un rôle moteur, devait préciser le président par ailleurs propriétaire en Ille-et-Vilaine du château de la Bourbansais.

 

Création d’un observatoire du développement durable

Abbaye de Fontfroide

Abbaye de Fontfroide. Crédit Photo : Yann Monel

Pour faire connaître et pérenniser ce riche patrimoine, de nombreuses actions ont été menées au fil des ans comme la création de la Fondation pour les monuments historiques en 2008, devenue en 2021 la Fondation Mérimée, dont l’objet principal est la préservation, la valorisation et la mise en accessibilité des monuments et jardins protégés, la création du groupe des Jeunes et nouveaux repreneurs en 2016, et en 2020 des Audacieux du patrimoine. Et récemment à l’automne 2024, le lancement de «l’Observatoire monuments historiques et développement durable» qui sous l’égide de Grégory Quenet, professeur en histoire de l’environnement à l’université UVSQ-Paris Saclay et membre de l’Institut Universitaire de France, a été chargé «d’ étudier les liens qui unissent les monuments historiques et leur environnement dans un contexte rendu plus complexe par les enjeux liés au développement durable et à la défense de la biodiversité». Epaulé par un conseil scientifique (géographe, architecte, juriste, spécialiste des zones critiques) en relation avec cinq demeures historiques, Grégory Quenet va tenter d’expliquer «comment ces monuments répartis sur tout le territoire français ont traversé les siècles en coexistant avec la nature, dont ils vivaient et qu’ils faisaient vivre». De ces résultats pourront être tirés des enseignements utiles pour mieux appréhender les changements climatiques à venir. Une démarche qui«doit intégrer parallèlement le défi des nouvelles technologies liées au numérique et leur financement alors même que nous sommes entrés dans une phase de raréfaction de la ressource publique et de ses financements» devait ajouter Olivier de Lorgeril.

Un centenaire riche en évènements pour davantage sensibiliser le public

Villa Rivière

Entre le baptême de la «rose Demeure Historique» créée par les Roses anciennes André Eve au château de Villandry, l’exposition consacrée à la Demeure Historique 1924-2024, avec pour thème «100 ans de passion, d’innovation, de transmission» dans 13 régions, et un concours photos sur le thème «monuments  historiques et biodiversité» permettant de découvrir la richesse abritée dans les jardins et monuments historiques français, les manifestations se sont multipliées cette année 2024 pour mieux faire connaître un secteur dynamique mais difficile à faire vivre sans aide extérieure. «Si j’ai un conseil à donner» devait dire Jean-Louis Remilleux, propriétaire du château de Digoine en Bourgogne et fin connaisseur du problème «c’est de proposer sans cesse des évènements qui fassent venir du public et ancrent la propriété dans son environnement». Ouvrir et innover pour partager, à l’image notamment de la fête des jardiniers organisée depuis trente ans au château du Lude (Sarthe) ou les concerts du château de Pinterville dans l’Eure, les dîners aux chandelles, les visites aux flambeaux, les reconstitutions historiques nocturnes, l’illumination des jardins sont autant de manifestations propres à faire mieux connaître ces propriétaires, qui s’investissent dans leurs territoires respectifs. A cet égard, un exemple particulièrement intéressant est celui de la Villa Rivière à Saint-Paul de la Réunion dans l’océan Indien, belle maison familiale du XVIIIe siècle de style néo-classique, qui après 15 ans de restauration est aujourd’hui annuellement ouverte au public. Son propriétaire, Marin Rivière, y développe des activités diverses pour faire vivre ce lieu, partie intégrante de la mémoire de l’île, jusque dans les pierres de laves incrustées dans le bâti de cette construction réunionnaise. On accueille ici des artistes locaux et l’on fait travailler les artisans du crû. «Il faut être visionnaire et inventif aujourd’hui pour donner de la visibilité et transmettre un patrimoine, dont on est dépositaire depuis des siècles.» explique t-il. Autant d’initiatives originales mises en scène par des propriétaires issus d’horizons très différents, investis dans le même objectif : pérenniser un secteur, qui accueille aujourd’hui 9 millions de visiteurs dans près de 1 500 monuments et jardins historiques privés, dont 17,5 % d’ étrangers, reçoit 20 millions d’euros de dons affectés à leurs travaux et génère quelque 100 000 emplois.

https://www.demeure-historique.org/

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