Les mystérieux tarots enluminés de la Renaissance italienne exposés au Musée français de la carte à jouer

Le Chariot, carte d’un jeu de tarot. Copyright M.F.C.J / F. Doury

Actuellement et jusqu’au 13 mars, le Musée français de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) présente au public une exposition magnifique sur ces cartes à jouer appelées tarots, dessinées et peintes à la main avec des pigments précieux, sur fonds dorés à la feuille, exécutées par des artistes connus ou pas, mais toujours de haut niveau, destinées à des puissants personnages grands amateurs de jeu. A la fois cartes à jouer et miniatures, les 70 œuvres exposées fascinent par leur beauté et la qualité du travail effectué mais aussi par leur rareté. Le clou de l’expo est ici une superbe carte appelée «Chariot», carte maîtresse du tarot, acquise par le Musée français de la carte à jouer, entourée de nombreuses cartes «sœurs», précieux tarots milanais et florentins en provenance d’institutions prestigieuses tels le Louvre, la Bibliothèque nationale de France, La Morgan Library and Museum de New-York, les musées de Sicile ou encore de Varsovie.

Ferrare et Florence principaux centres de production de tarots peints et imprimés

Objets de luxe, ces cartes peintes mieux préservées que les tarots ordinaires imprimés ont à l’origine été réalisées par l’atelier de Bonifacio Bembo, peintre de la cour de Milan au milieu du XV^e siècle, puis par la suite à Ferrare, qui abritera de nombreux passionnés du tarot et à Florence, cette dernière ville s’imposant vite comme le principal centre de production de tarots peints et imprimés. Ils connaîtront après 1460 un développement foisonnant dans l’ensemble de la péninsule, on parlera des tarots de Catane et de Palerme, des jeux de cartes populaires de la région de Rome. Au-delà, ils feront l’objet d’un engouement en France voisine par exemple, où le Tarot de Marseille fera fureur aux XVII^e et XVIII^e siècles.

: Dame de carreau du jeu des Cartes indiennes. Copyright M.F.C.J / F. Doury

: Fante di bastoni (valet de bâtons) au portrait italien Romagne. Copyright M.F.C.J / F. Doury

: Le Vendangeur/Cultivateur (valet de trèfle) d’un jeu révolutionnaire. Copyright M.F.C.J / F. Doury

A côté des tarots italiens, apparaîtront les tarots nouveaux à couleurs françaises dotés de piques, carreaux, cœurs et trèfles, un tarot de Charles VI. De nombreux autres tarots seront créés qui, négligés par la critique historique, tomberont dans l’oubli. Ils seront rachetés par des collectionneurs prestigieux pour certains qui les préserveront jalousement, réduisant par là même leur apparition dans les expositions.

Saluons donc le travail méritoire des organisateurs de cette exposition du Musée français de la carte à jouer, qui ont su rassembler ces chefs-d’œuvre dans un parcours didactique qui, après une introduction historique, tente de donner tout au long de la visite les clefs de ces tarots aussi mystérieux qu’instructifs, dont l’histoire est intimement liée à celle des pays où ils se sont développés.

Musée français de la carte à jouer
musee@ville-issy.fr

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