Château-Thierry s’apprête à restaurer la maison natale de La Fontaine

Statue en plâtre de Jean de la Fontaine. Crédits : Ville de Château-Thierry

Il y a 400 ans naissait Jean de La Fontaine, le plus populaire des poètes français, dont les fables sont intimement liées aux souvenirs de notre enfance. Qui ne se souvient ne serait-ce que de quelques passages de la Cigale et la Fourmi, du Corbeau et du Renard, du Loup et du Chien, du Rat de ville et du Rat des champs, du Savetier et du Financier pour ne citer qu’eux. Des fables ou plutôt des histoires, disent certains, remises en lumière aujourd’hui en France à l’occasion de manifestations commémoratives de cet anniversaire. Le Puy du Fou en Vendée lui consacre un spectacle intitulé «Le monde imaginaire de La Fontaine», l’Institut de France à Paris un colloque, le musée national Gustave Moreau une exposition picturale, le Musée Médard à Lunel dans le Gard redécouvre des éditions des Fables issues de la collection du bibliothécaire Louis Médard. Dans l’Aisne, sur la route touristique du champagne, le château de Condé, demeure des princes de Condé, offre au visiteur de très beaux décors peints inspirés de contes licencieux de La Fontaine publiés entre 1665 et 1671, ainsi que 38 estampes du graveur Nicolas de Larmessin illustrant les contes réalisés en 1740 d’après les peintures de Nicolas Lancret.

Jardins de Viels-Maisons

Toujours dans l’Aisne, au cœur de la vallée de la Marne, Bertrande de la Doucette, propriétaire des magnifiques jardins de Viels-Maisons (parc du XVII^e siècle ) dessinés par la paysagiste Sonja Gauront, a consacré pour l’occasion une parcelle du parc à la fable «Le Jardinier et son seigneur». La ville de Château-Thierry de son côté a choisi de personnaliser chaque fable de façon ludique. Dans la maison natale, aujourd’hui musée, chacune des pièces comporte un animal en taille réelle composé de Lego, destiné à rappeler la place accordée par le fabuliste aux animaux tout au long de son œuvre. «Faire parler des animaux pour parler des sentiments des hommes», écrira-t-il. Des hommes qu’il aura beaucoup observés en contemplant la société de son époque. Quant à la nature, elle l’aura toujours accompagné, particulièrement la campagne champenoise qu’il observera de près, lorsque son père était maître des eaux et forêts du duché de Château-Thierry, charge qu’il occupera également. Le visiteur trouvera dans cette maison du XVI^e siècle de nombreuses œuvres d’artistes posthumes à La Fontaine, qui s’inspireront de ses fables, parmi ceux-ci Jules Coignet (le Chêne et le roseau), Nicolas Vleughels (La courtisane amoureuse), Hyacinthe Rigaud qui réalisa son portrait, ou encore Jean-Baptiste Oudry, qui réalisa six tableaux pour Versailles à la demande du roi Louis XV. Des dessinateurs illustres comme Grandville, Doré et Rabier et d’autres, plus contemporains, illustreront les fables. En revanche, peu de témoignages d’époque ayant appartenu à La Fontaine dans ce musée, exceptés le cabinet de travail, son acte de naissance et une clé de la porte d’entrée.

Le directeur du pôle muséal, Nicolas Rousseau, dans le cabinet de travail et d’écriture de Jean de La Fontaine. Ville de Château-Thierry

Une scénographie voulue par le conservateur de la maison, Nicolas Rousseau, dont le souci premier est ici «d’évoquer dans les divers salons l’atmosphère du XVII^e siècle pour faire vivre l’œuvre de La Fontaine.» In fine, un parcours au cœur d’une maison attachante et de son jardin, maison qui mérite toutefois d’être restaurée, certaines parties étant de toute évidence bien vétustes. Dans ce but, la ville de Château-Thierry qui a évalué le coût global des travaux à effectuer à 4,1 millions d’euros, lance un plan en plusieurs tranches avec l’aide de la Fondation du Patrimoine qui implique une collecte de dons d’un million d’euros. Son objectif : doubler la surface actuelle (325 m²) d’exposition pour mettre en valeur les œuvres actuellement exposées, tel l’ensemble des éditions originales du fabuliste de la bibliothèque et en accueillir d’autres à l’étroit dans les réserves. Le bâtiment labellisé «Maison des Illustres» fermera en 2022 pour rouvrir en 2024. Il devrait une fois les travaux effectués accueillir 35 000 visiteurs annuels contre 12 000 actuellement.