Le domaine de Ferney fut acquis par Voltaire en 1759 pour échapper à la vindicte de la Cour de France, où il était devenu indésirable. Durant les vingt années où il y vécut, il reconstruisit le château, développa le domaine. Il améliora le domaine agricole en faisant défricher et drainer les marécages alentour et transforma le hameau en village prospère y attirant notamment des artisans tels des horlogers genevois ou des créateurs de soieries, qu’il fera connaître à son large réseau de connaissances. Il y édifia une fontaine et fit paver les rues du village. Il trouva dans ce lieu ce qu’il cherchait. « La liberté, y-a-t-il un état plus heureux ? Je me trouve entre la France et la Suisse sans dépendre ni de l’une ni de l’autre » dira-t-il. Dans sa retraite protégée, Voltaire poursuivra son engagement contre l’injustice de la société de l’époque. C’est ici qu’il prendra la défense de Jean Calas et de Pierre-Paul Sirven, victimes de l’intolérance politique et religieuse, et militera pour l’affranchissement des serfs du Jura. Parallèlement, il poursuivra son œuvre littéraire et philosophique, en publiant notamment le Dictionnaire philosophique et le Traité sur la tolérance. Il écrira aussi quelque 1 000 lettres, attirant par ses écrits l’élite de toute l’Europe, Condorcet, d’Alembert, Denon, Chateaubriand, Flaubert, Dumas, Michelet, Gogol ou encore Stendhal, qui qualifiera son voyage à Ferney « d’indispensable visite ». Tous contribueront à la diffusion de ses idées. A sa mort en 1778, le domaine sera démembré par le marquis de Villette qui, orchestrant le culte posthume du grand homme, fera du château l’un des premiers lieux de mémoire dédié à un écrivain en France. Cédé à l’Etat français en 1999, sa gestion sera confiée au Centre des monuments nationaux (CMN) qui l’ouvrira au public, l’animera et le restaurera. Aujourd’hui, on peut visiter, outre le château, le parc et sa composition paysagère du XIXe siècle. Le nouveau parcours de visite célèbre l’œuvre de Voltaire et l’esprit des Lumières.