Riche patrimoine de l’Aube le vitrail a désormais sa cité à Troyes

La France paraît-il renfermerait 80 % des vitraux de la planète dont 9 000 m² répartis dans deux cents édifices religieux du département de l’Aube. La Cité du vitrail récemment ouverte en dévoile les secrets.

La visite propose un parcours didactique mêlant vitrail religieux, moderne, contemporain, ancien témoignant de l’évolution de cet art, qui a su s’adapter au cours des siècles. Une place à part est faite ici à ce que l’on appelle «le Beau 16^e siècle» troyen et aubois, qui a légué au département quelques 1042 baies classées monuments historiques. 25 chefs-d’œuvre du vitrail en provenance de petits villages de l’Aube et des églises troyennes sont exposés dans la Cité du vitrail hébergée dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu-Le-Comte, remarquable bâtiment restauré du 18^e siècle.

Du Moyen-Âge au 21^e siècle le vitrail a traversé les siècles

Au cœur de la visite, un centre d’interprétation du vitrail animé par le maître verrier troyen Vincent Petit détaille les différentes particularités de cet art qui est aussi une technique. Ce dernier perpétue encore aujourd’hui la tradition en alliant restaurations patrimoniales de vitraux anciens et créations récentes. Sa participation au prestigieux chantier de Notre-Dame-de-Paris rappelle que l’origine du vitrail est intimement liée à l’émergence au 12^e siècle de l’architecture gothique, dont l’abbaye de Saint-Denis près de Paris est le premier exemple. Au 14^e siècle, la production de vitraux ralentit pour rebondir à la fin du 15^e siècle avec le retour à la prospérité économique et artistique de Troyes qui va favoriser la construction de nouvelles églises, encouragée par les bourgeois fortunés très demandeurs de vitrail pour leurs hôtels particuliers. Des témoignages présents aujourd’hui dans toute la ville. Elément de décoration au Moyen-Âge, le vitrail délivrait dans l’église un enseignement religieux à l’intention de nombreux fidèles ne sachant pas lire. Avec le temps, il va se diversifier devenant tour à tour grisaille, coloré, figuratif ou abstrait pour aborder des thèmes civils.

La visite des églises troyennes de Sainte Madeleine (12^e siècle ) et de Saint-Pantaléon, de la cathédrale Saint-Pierre-et Saint-Paul qui posséderait l’un des plus beaux ensemble de vitraux en France, témoigne de la splendeur du Moyen-Âge gothique qui, avec la Renaissance et le 19^e siècle eux aussi présents dans la cité, constituent trois époques considérées comme l’âge d’or du vitrail. Plus tard, les artistes contemporains vont s’en emparer apportant des techniques nouvelles comme la pâte de verre de René Lalique et de François Decorchemont, qui participeront à l’ouverture de cet art à la modernité.Des églises accueilleront des artistes non chrétiens, sollicitant de très grands talents mondialement connus tels Chagall à Notre-Dame-de-Toute-Grâce sur le plateau d’Assy en Haute-Savoie ou encore Henri Matisse dans la chapelle du Rosaire des Dominicaines de Vence. Les très belles œuvres contemporaines réunies dans le cadre de cette exposition, telles les «Paysans normands» de Raphaël Lardeur, «Coloquintes et nymphéas» de Jacques Gruber, «Borobudur» de l’artiste Alain Vinum, «Ombre de juin» d’Henri Guérin ou «Saint Amelie» de Kenhide Wiley témoignent de la créativité et du dynamisme de cet art. Parallèlement à cette exposition, la Cité du Vitrail a créé la «Route du vitrail» qui réunit en une application Web avec carte interactive quelques 18 hauts lieux de ce patrimoine réparti dans des villages du département de l’Aube qui avec la ville de Troyes posséderait la plus belle collection de verrières peintes d’Europe.

 

 

 

 

www.cite-vitrail.fr
www.route-vitrail.fr
www.vpah-troyes.fr

A lire :
– Le Vitrail, Mathieu Lours/Editions Jean-Paul Gisserot