Pour son exposition d’été La Fondation de l’Hermitage à Lausanne présente une centaine d’œuvres de cet amoureux de la couleur acteur majeur du Fauvisme surnommé le « peintre voluptueux » par Apollinaire
C’est à l’Ecole des Arts décoratifs en 1982 que Manguin fait la connaissance d’Albert Marquet et d’Henri Matisse avec qui il intégrera en novembre 1984 l’atelier de Gustave Moreau au sein de Beaux-Arts de Paris. Ils y formeront un groupe de jeunes peintres, avec André Derain et Maurice de Vlaminck notamment que l’on baptisera « Fauves » au salon d’automne de 1905. Cette période « Fauve » (1904-1905) est présente dans cette exposition au travers d’œuvres flamboyantes réalisées à Saint-Tropez, essentiellement des nus et des paysages arcadiens qui témoignent de son éblouissement et de son exaltation pour cette région de la Méditerranée où il mettra précocement en pratique les techniques appropriées à la libération de la couleur et de la peinture qu’on allait appeler le Fauvisme qui prolongera le travail initié par les impressionnistes.
et dans ce sens en n’obéissant à aucune théorie organisée mais en recourant très librement à la couleur on peut dire que le Fauvisme apparaît bien comme la première des avant-gardes artistiques du 20ème siècle comme le souligne très justement Sylvie Wuhrmann Directrice de la Fondation de L’Hermitage. Henri Manguin fut longtemps fidèle à ce un mouvement au sein duquel il jouera un rôle essentiel mais paradoxalement minoré, ce qui pèsera longtemps sur sa notoriété. Outre les rives de la Méditerranée il peindra aussi des natures Mortes aux constructions rigoureuses et harmonieuses, aux formes simplifiées et aux couleurs vives. Plusieurs d’entre elles présentes dans le cadre de cette exposition appartiennent à la famille R.Hahnloser de Winterthour à qui il rendit visite de nombreuses fois à la villa Flora dès 1910 et où plusieurs œuvres témoignent de ses passages. Accordant une place particulière aux arts graphiques il privilégiera aussi les œuvres sur papier au crayon, à la plume au fusain ou au pinceau très présentes à cette exposition au travers d’œuvres consacrées à sa femme Jeanne dans sa vie quotidienne.
Manguin et la Suisse : une histoire d’amitiés
L’histoire du peintre avec ce pays commence en 1905 avec la rencontre du peintre Félix Vallotton né à Lausanne et naturalisé français en 1900 qui lui fera visiter Fribourg et la Gruyère sa région d’origine, puis il rejoindra près de Zurich La Villa Flora d’Arthur et Hedy Hahnloser à Wintherthour considérés parmi les collectionneurs les plus avant-gardistes de leur temps. Il en reviendra enchanté « Quel sacré pays ! » dira-t-il. Il y retournera s’installer de 1914 à 1919 pour y peindre le lac Léman, les montagnes du Lac des Quatre-Cantons et Jeanne à Lausanne cette fois ci. Il n’oubliera jamais ce pays qui l’a accueilli, « cette terre d’hospitalité où dira-t-il malgré l’angoisse de la guerre j’ai vécu des années dont je garderai le souvenir, ainsi que de solides et fidèles amitiés ». Pour compléter cette très belle exposition l’Hermitage a ajouté quelques œuvres de sa collection personnelle peintes par les amis de Manguin qui l’ont accompagnés toutes ces années ce qui permet au visiteur de revoir de très beaux tableaux de Félix Vallotton, Suzanne Valadon ou d’Albert Marquet tous entrant en résonance avec son travail. Fruit d’un partenariat avec le musée des Impressionnismes Giverny qui a déjà accueilli la première étape de l’ exposition en 2017, cette manifestation est accompagnée d’un très beau catalogue illustré réalisé sous la direction de Marina Ferretti directrice scientifique du dit musée et édité par les éditions Gallimard.