On connaît la Corse pour ses paysages magnifiques mais moins pour son patrimoine bâti qui mérite pourtant largement le détour. Sauf que et c’est là que le bats blesse, pour des raisons diverses et variées, sa conservation et son entretien n’ont pas toujours été au rendez-vous ces dernières années. Or Plusieurs initiatives d’envergure montrent que les choses sont en train de bouger.
Ainsi le plan national « Action Coeur de Ville » présenté récemment par Jacques Mézard ministre de la Cohésion des territoires pour « améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter leur rôle de moteur de développement du Territoire » a sélectionné Ajaccio et Bastia parmi les 222 heureux destinataires (sur 500 dossiers déposés) des 5 milliards d’euros sur cinq ans (jusqu’en 2022) destinés à redynamiser les centres anciens de ces villes moyennes en se réappropriant l’espace public. Des projets proposés par les Mairies qui englobent à des degrés divers l’acquisition, la réhabilitation et l’amélioration de la performance énergétique de logements anciens afin de développer une nouvelle offre commerciale en centre-ville et rééquilibrer les conditions d’implantation avec la périphérie.
Ajaccio s’appuie sur le projet 2030 pour favoriser le développement urbain et améliorer le cadre de vie
Bastia a fixé comme cibles prioritaires l’îlot de Puntettu particulièrement dégradé, le boulevard Gaudin entre la citadelle et le Palais de justice où les commerces se font rares et le boulevard Graziani lui aussi bien délaissé, des » petits projets » indispensables à la vie des quartiers qui dans le passé n’ont pas toujours trouvé leur place dans les restructurations urbaines lourdes. Ajaccio a choisi d’inclure dans le réaménagement de l’urbanisme les alentours de l’Hôtel de ville et la création d’un Musée napoléonien au cœur de la Citadelle, la réappropriation de la citadelle Miollis, la réalisation d’une halle des marchés et de la place Campinchi, ainsi que celle d’un parc urbain à st Joseph. Un programme qui vise à renforcer l’attractivité du centre ville en conjuguant réhabilitation des logements sociaux existants, nouvelles acquisitions foncières ou immobilières et valorisation commerciale et hôtelière.
Bonifacio choisit le mécénat privé et populaire pour sauver son patrimoine.
Bonifacio qui possède 30% du patrimoine classé de Corse du Sud a choisi de son côté la voie du Mécénat pour réhabiliter son patrimoine. La « perle du Sud » vient en effet de présenter aux entreprises locales et à la Fondation du Patrimoine partenaire de l’opération, son opération « Mémoires de paysages », un programme de préservation du patrimoine axé sur le don privé et populaire. Un choix délibéré au moment où les aides de l’Etat ont été divisées par deux. Parmi les dossiers présentés citons la réhabilitation des remparts et notamment la restauration des fortifications urbaines de la citadelle de la ville inscrites au titre des monuments historiques, la mosaïque du parvis de l’Eglise Saint-François, l’orgue de Sainte-Marie Majeure, La Chapelle Saint-Roch, la Strada Veccia, les sites d’A tunara, de la Trinité et de la rive nord du Goulet. Des incitations financières entre autres devraient accompagner les mécènes, entrepreneurs et particuliers tentés par l’aventure.
Dix chefs-d’œuvre en péril sélectionnés en Corse par la mission d’identification et de sauvegarde du Patrimoine en péril
Enfin le comité de sélection de la mission Patrimoine mené par Stéphane Bern dont le but est de sauver les sites en danger a sélectionné parmi 250 projets une dizaine de chefs d’œuvre en péril à restaurer en Corse comme le couvent Saint-François à Pino au cap Corse érigé en 1495(photo), le pont de Negro détruit par une crue en novembre 2016, la tour de Santa Maria della Chiappella, les Remparts de Bonifacio ou encore La Chapelle Saint-Nom-de-Marie à Bastia. Un objectif ambitieux au sein duquel l’entretien de ce patrimoine très ancien devra trouver sa juste place, pas celle du parent pauvre comme cela a trop souvent été le cas en France dans les grandes restaurations médiatisées. Pour que ce patrimoine prestigieux s’inscrive dans la durée.