La petite ville d’Amboise en Indre-et-Loire abrite deux joyaux architecturaux et patrimoniaux le château royal et le Clos Lucé indéfectiblement liés par une même histoire celle de Léonard de Vinci, génie de la Renaissance
Léonard de Vinci a vécu les trois dernières années de sa vie, de 1516 à 1519, au manoir du Cloux, à Amboise aujourd’hui le Clos Lucé, invité par le roi François Ier qui lui octroiera une pension princière annuelle de 1000 écus d’or pour venir travailler près de lui. Léonard quittera Milan emportant avec lui certaines de ses œuvres les plus prestigieuses comme La Joconde, la Sainte-Anne, le Saint-Jean Baptiste aujourd’hui au Louvre ainsi que de nombreux manuscrits. Dans sa nouvelle demeure il achèvera certaines œuvres, réfléchira à des travaux d’urbanisme et d’hydraulique, envisagera l’asséchement des marais insalubres de la Sologne proche et imaginera même pour le roi un immense palais avec une ville idéale en l’occurrence Romorantin, qu’il voyait en une nouvelle Rome. Il aurait même, dit-on, inspiré l’architecte du château de Chambord l’influençant sur deux concepts fondamentaux, celui du plan centré en croix et celui de l’escalier à double évolution. Concepteur des fêtes royales avec effets spéciaux, il mettra notamment en scène une somptueuse «Fête au paradis» au manoir du Cloux.
De nouvelles Galeries pour magnifier Léonard et la Renaissance
Ce sont ces multiples facettes que François Saint-Bris, président du Château du Clos Lucé, veut mieux faire connaître aujourd’hui en démultipliant les nouvelles technologies numériques comme les animations 3D, les hologrammes, les projections immersives, les jeux vidéos , au sein d’un nouvel espace de 500 m² réhabilité par les architectes Chaix & Morel et Associés et inauguré en juin dernier«Les Galeries Léonard de Vinci». Objectif : « façonner un château pour le futur dont la mission est de transmettre l’héritage, la mémoire et la connaissance de Léonard de Vinci tout en offrant au visiteur les clefs de compréhension de sa démarche créatrice du dessin à la peinture». Plus largement, le projet est de faire du Clos Lucé d’ici à 2024 le premier lieu de synthèse sur Léonard de Vinci et la Renaissance. Le parcours ouvert au public aujourd’hui dévoile la chambre, la cuisine et les ateliers du maître, passe par les sous-sols riches de 40 inventions de Léonard et traverse le parc où sont réparties des toiles géantes translucides ainsi qu’une vingtaine de maquettes grandeur nature du grand peintre. On y découvre Léonard ingénieur civil et militaire, anatomiste et scientifique, architecte, urbaniste, botaniste, mathématicien et géomètre de l’espace, créateur du premier parachute et du premier hélicoptère, du premier aéroplane, du bateau à aubes, de la première automobile et de la première bicyclette. Plusieurs lieux sont consacrés au peintre dont dix-sept œuvres majeures réunies en un seul lieu pouvant être visualisées en un seul regard. Au total ce sont plus de 200 images issues des dessins et tableaux originaux de Léonard de Vinci provenant de treize fonds différents rassemblés ici en un spectacle immersif. Enfin cerise sur le gâteau, le Vatican vient de prêter au Clos Lucé le «Saint-Jérôme», tableau inachevé exposé jusqu’au septembre prochain.
Restauration historique de la chapelle Saint-Hubert du château royal d’Amboise
A sa mort, la dépouille de Léonard de Vinci sera transportée à la chapelle Saint-Hubert, ancienne chapelle privée des rois de France. Accrochée aux remparts du château, elle constitue une illustration majeure de l’art gothique flamboyant. Depuis 2021, elle fait l’objet d’une restauration sous forme d’un chantier-école destiné à valoriser les différents métiers d’art des artisans en Val de Loire en s’appuyant sur les compétences du Campus des métiers et des qualifications d’excellence, Patrimoines, Métiers d’Art et Tourisme (PatMAT). La nouvelle charpente a été confiée à la prestigieuse association «Charpentiers sans frontières», qui réunit dans le monde entier plusieurs centaines de professionnels passionnés par la construction en bois particulièrement dans dans le secteur des monuments historiques. Ici elle s’est portée volontaire pour mettre bénévolement les compétences de ses membres au service du chantier de la chapelle. Conformément à leur souhait de travailler de manière traditionnelle, ils ont sélectionné des bois issus d’arbres de la forêt d’Amboise pour assembler la charpente de l’abside. Les décors et ornements, frises, sculptures de l’autel, linteau à l’intérieur, gargouilles extérieures seront restaurés, et les dorures de la couverture restituées à l’identique. Quant à la couverture en plomb, elle sera refaite à l’identique, et la cloche de la flèche restaurée pour sonner à nouveau. Le chantier de la chapelle des rois est ouvert au public. Les travaux commencés en 2021 s’achèveront fin 2023.
www.chateau-amboise.com
www.fondation-saint-louis.com
www.charpentiers-sans-frontieres.com
https://vinci-closluce.com/fr
Merci à Evelyne Thomas, chercheur associé au Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR) de Tours, auteur, entre autres, d’un Vocabulaire illustré de l’ornement (prix Demeure historique) et d’articles sur le château d’Amboise pour l’aide apportée /evthms2@gmail.com